Textes et photos Alain Lambert
Comme le lévrier, le molosse a un type morphologique très ancien. Son nom provient des iles Molosses où les grecs élevaient cette forme de chiens de garde à tête large, aux muscles épais et au corps puissant. Le public non averti pense souvent qu’un molosse est un « dangereux pit-bull » qui peut faire peur dans la cité. Dans la réalité l’appellation molosse s’applique à une multitudes de chiens petits et grands. A l’origine, ce sont des grands dogues et des puissants chiens de montagne qui avaient pour mission de protéger les habitations et les troupeaux. Les perses, les grecs et les romains les ont utilisés. Ces conquérants, très amateurs de chiens, ont importé les molosses dans toute l’Europe.
CHEZ LES GRANDS DOGUES, LE CANE CORSO EST EN VOGUE !
En France, les grandes races de molosses les plus appréciées depuis 40 ans sont les dogues de Bordeaux, les dogues allemands et les montagnes des Pyrénées. Les matins de Naples, mastiff et les bull mastiff sont connus depuis longtemps mais n’ont jamais été très nombreux à Paris. Mais le plus vendu des grands dogues en France actuellement n’est aucune de ces races « anciennes ». Reconnu par la Fédération Cynologique Internationale depuis moins de vingt ans, le Cane Corso (chien de cour italien) est passé de 31 chiots vendus en 1997 à 5183 naissances en 2016.
Le cas du boxer (troisième du podium) vaut la peine d’être mentionné car cette race allemande a la chance d’avoir encore de nombreux adeptes à Paris. Son format raisonnable (une grande race mais pas géante) et sa bonne réputation lui permettent d’avoir toujours deux à trois milles naissances par an sans être à la mode pour autant.
Dans le monde des races de chiens, c’est presque comme au cinéma. Il y a des étoiles qui brillent au firmament puis qui disparaissent rapidement dans les classements. Le Rottweiller, star des années 90 en a fait l’amère expérience. En 2001, 6381 chiots de la race étaient vendus. Il y en a aujourd’hui deux fois moins. La race a fait les frais de l’inénarrable loi sur les chiens dits « dangereux » qui a fait de cet animal un chien de 2ème catégorie soumis à l’obligation d’un « permis de détention ». Une loi qui a principalement bénéficié aux autres races de dogues de la SCC puisqu’elle fait d’un molosse sans certificat de naissance un chien de 1ère catégorie (« chien d’attaque ») en puissance.
DOGUE ET TERRIER, LE COCKTAIL GENERATEUR DU MOLOSSE URBAIN !

Certains dogues de grandes tailles ont été accouplés avec des chiens plus petits pour devenir des animaux plus adaptés au milieu urbain. Le plus connu de ces dogues urbains est le bulldog anglais dont les origines remontent au Moyen Âge. Le Bulldog fut utilisé dans des combats avec d’autres chiens, des loups, des ours et des taureaux (chien de taureau). Cette pratique fut heureusement abolie en 1835 en Angleterre. Elle donna naissance à la création du bulldog moderne qui n’a plus grand chose à voir avec le chien originel. Ventru, court sur pattes avec une tête écrasée, large et ronde (brachycéphale), le bulldog est un chien qui cumule un nombre importants de problèmes morphologiques. C’est un chien au physique étonnant qui ne laisse pas indifférent.
Il y a eu 20 naissances de bulldog en 1979, cent fois plus en 2016 (2269)…
A Paris, les molosses de canapés sont très appréciés !
D’autres races de molosses ont bénéficié du douillet statut de chiens de compagnie. Le Bouledogue Français, le carlin et le Boston terrier font partie de ces races initialement « chien de combat » qui ont été physiquement transformés en « chiens de canapés ».
Grâce à la magie d’internet, leurs nombres ont aussi explosés.

Et les molosses « de combat » dans tout ça ?
En 1999, la loi sur les chiens dits « dangereux » a mis un coup d’arrêt à la présence des « Pitbull » sur le territoire national. Dans les années 1980-1990, l’arrivée en nombre de ces terriers américains a fait frémir la bourgeoisie urbaine. Les « vilains garçons » des cités se sont passionnés pour ces races mis en avant pas certains groupes américains de Hip Hop. Parallèlement, certains amateurs de combats de chiens ont voulu réintroduire en France des lignées d’American Pitbulls. Les pouvoirs publics n’ont pas tardé à réagir en cherchant à interdire ou à réglementer ces pratiques. Pas si simple ! Conseillés par les hautes sphères de la Société Centrale Canine, ils ont défini les chiens « dangereux » en créant deux catégories : les chiens d’attaques (c1) et les chiens de garde et de défense (c2). Une appellation trompeuse puisqu’elle ne s’est pas pas fondée sur l’usage des chiens mais sur leurs morphologies (définies par des arrêtés).
Dans la seconde catégorie, la moins contraignante, la SCC a bien pris soin de conseiller le ministère pour qu’on n’y retrouve pas les races de chiens traditionnellement utilisées pour cette usage (malinois, bergers allemands,…) et à favoriser les races de molosses reconnues par la Fédération Cynologique Internationale. L’American Staffordshire Terrier, le rottweiller et le Tosa Inu (reconnu par la SCC) ont été, malgré tout, priés de se ranger en deuxième catégorie alors que l’American Pitt Bull (seulement reconnu aux USA), les bâtards et les molosses ressemblant à un amstaff ont été classés dans la première catégorie des « chiens d’attaques ». Une batterie d’obligations (loi de 1999 puis loi de 2010) ont été demandés à ceux qui voulaient encore avoir ce type de chiens (interdiction de revente, stérilisation, assurance, muselière, formation…). Le ministère de l’Agriculture a donc implicitement validé un principe étonnant : un bâtard serait plus dangereux qu’un chien de race. L’exemple le plus ahurissant est celui du mastiff qui, lorsqu’il a un certificat de naissance de la SCC n’est pas catégorisé par la loi mais qui, s’il n’en a pas, entre directement dans la catégorie 1 des chiens d’attaques … Ces dispositions ont bien évidemment poussé les amateurs de ce type de molosses à acquérir des chiens avec des certificats de naissance. Il suffit de regarder ces courbes pour le constater :
Cette loi qui sanctionne les citoyens non pas pour l’utilisation qu’ils font de leurs chiens mais sur des critères raciaux a entrainé un nombre incalculable d’imbroglios juridiques. Pendant des années, tous les agents des forces de l’ordre ont dû se transformer en experts cynophiles et reconnaitre ce qu’est un staffie, un amstaff, un bulldog, un dogue argentin et une multitude d’autres races de chiens nouvellement reconnues par la Société Centrale Canine (Fila Brasilero, dogue des Canaries, cane corso,…) .
LES MOLOSSES SONT AUSSI LES CHIENS DE MONTAGNE !
Dans un autre article, nous parlerons des chiens de montagne qui sont aussi des molosses. En attendant voici la photo d’ALMA une montagne des Pyrénées qui a travaillé avec nous pendant de nombreuses années dans les écoles et les centres de loisirs.
Textes et photos d’ Alain LAMBERT