Complainte des Blancs-Manteaux

 Mardi soir, dans la rue des Blancs Manteaux
 Alors que je discutais chiens 
 Avec deux charmants badauds
 Un pic sacoche, un forban, un aigrefin 
 M’a volé mon appareil photo
  
 Orus le berger australien
 Qui veillait dans mon vélo cargo
 Si prompt à garder les biens 
 N’a pas vu cet enfant de salaud
 Pas un grognement, rien de rien !
  
 Si d’aventure ce vaurien
 Loin d’un réverbère 
 Dans le centre parisien
 Voulait vous refourguer cette affaire
 Ce boîtier usé et son téléobjectif  antédiluvien
 Ne pourraient briller que sous une porte cochère
 En réalité il ne vaut presque plus rien
  
  
 Pourtant pendant dix ans, 
 Sans jamais me lâcher
 Il en aura pris des clichés
 Des clébards rigolos, des vieux, des moches, des beaux
 Dans des refuges ou chez les Parigots
 Il en aura fait des photos
 Sachez que c’était le mien et que je l’aimais bien
  
  
 Plus d’exposition de chiens 
 Dans sa mémoire digitale 
 Avec ce vol ils ont pris fins 
 Dans le quatrième et ses dédales
 Ce deux mars vingt et un
  
 Que dire à ces voleurs de rues ?
 Ni pognon, ni promesse, ni rançon
 Je ne leur en veux même plus
 En écrivant cette chanson
 La colère a disparu
  
 Je dirais seulement qu’
 Avec autant de sottise
 Ces vilains olibrius
 Ne méritent pas le CO2 qu’ils produisent
 et qu’avec ce genre de gugusse
 les chances de notre espèce sur la terre s’amenuisent… 

Alain Lambert

Dessins Marion Chevrier SIGNE COPINE