La manifestation est un acte politique puisqu’elle a pour objet de faire pression sur les institutions. En 2018, La confédération a ainsi manifesté avec de nombreuses autres associations. Pourtant, il est légitime de se poser la question : Est-ce le rôle d’une association de protection animale de manifester ? Lors du congrès de la Confédération, Janine Vogler, Présidente du refuge d’Arthaz, nous a raconté comment, en 1965, la manifestation des jeunes amis des animaux a permis de créer son premier refuge à Annemasse.
« Comme on était un club de jeunes amis des animaux, les gens se sont mis à emmener des animaux au lycée d’Annemasse « madame, on a trouvé un oiseau, on a trouvé ci, on a trouvé ça… » et un jour, on nous emmène un pauvre caniche couvert de gale… sans poil… je l’emmène chez le véto… il nous dit qu’il ne faut absolument pas qu’il soit avec d’autres chiens… il est contagieux…donc il a euthanasié le chien. Évidemment, les jeunes amis des animaux étaient furieux parce que si la mairie d’Annemasse avait une fourrière et un refuge, on aurait pu soigner cet animal. Alors ils ont dit : « On fait une manif ! » vite fait, bien fait, ils ont bricolé une espèce de brancard, des panneaux… Ils ont appelé la télé… Alors on a bloqué toute la circulation. Je me suis retrouvé au commissariat de police mais la fille du commissaire était membre des jeunes amis des animaux… Le commissaire m’a dit : « Allez vite arrêter vos troupes parce que je veux que la circulation se fasse. Lundi, je parle au Maire »… et le lundi j’avais le terrain ! »
Mais la défense de l’animal ne s’arrête pas au niveau local. Elle concerne aussi les réglementations départementales, régionales, nationales et mondiales. A l’heure où les espèces d’animaux disparaissent à foison, il est essentiel de répondre à cette question : faut-il politiser la défense de l’animal ? Au congrès de la confédération, Aurélien Barrau nous a donné son opinion :
« La question qui me semble importante, c’est celle de savoir s’il faut politiser la question animale. Alors comme on le sait, c’est une question vaste parce que « politique » a beaucoup de sens différents. En grec, on peut évoquer « politeia » c’est la structure de fonctionnement, c’est l’institution. On peut évoquer « politikos » qui est vraiment l’organisation humaine de la cité et « politikè » qui est la pratique du pouvoir. Tout cela ce sont des catégories, une taxonomie, qui sont très utiles pour penser mais vous voyez que c’est extrêmement anthropocentré (qui place l’être humain au centre de toute chose). Je crois que la question qui se pose à nous c’est celle d’un chantier absolument gigantesque qu’on ne peut aborder qu’en revoyant nos vieilles catégories et nos moyens de penser qui ne sont pas adaptées à l’immensité de la question animale à laquelle nous commençons tout juste à faire face.
Et d’ailleurs ça se voit par cette espèce de réaction souvent antagoniste, parfois agacée, de temps en temps angoissée d’un certain nombre d’intellectuels dés lors que la question du bien-être, de la valeur, du droit, de la conscience des animaux est abordée comme s’il fallait à tous prix maintenir cette frontière qui fut pendant plusieurs dizaines de siècles érigée entre nous et ces authentiques alter ego que constituent en réalité les animaux. »
A suivre…