Non, Madame Natacha Harry, les autres SPA de France ne sont pas des parasites !

Bravo Madame Harry, vous avez gagné !

En quatre années, vous avez réussi à transformer la centenaire SPA de Paris en une espèce de startup de la protection animale. Finies les vieilleries de la Loi de 1901, vous avez noyé les principes associatifs, la solidarité, le partage, le bénévolat, la cause commune sans recherche de profit dans le grand bain du business contemporain !

Depuis votre arrivée en 2013, plutôt que de collaborer avec les autres SPA de France, vous n’avez eu de cesse que d’empêcher les autres associations de protection animale de mener à bien leurs missions. Vous les avez considérées comme des concurrentes à éliminer comme si la protection animale n’était qu’une simple histoire de marketing et de conflit commercial.

En mars 2017, vous avez réussi à faire condamner la Confédération Nationale des SPA de France (qui a fait appel) pour « actes de concurrence déloyale et parasitisme » parce que, je cite vos avocats « elle détourne à son profit les adhérents, dons et legs ». « Parasitisme » ! Il fallait oser !  Selon vous, les milliers de salariés et de bénévoles que constituent la CNSPA et œuvrent dans la France entière pour sauver toutes sortes d’animaux sont donc des « parasites » ? Les Présidentes et Présidents des SPA indépendantes qui ont consacré leurs vies à la protection animale : des parasites ? Les milliers de bénévoles de la Confédération qui passent leurs week-ends à s’occuper des chiens, des chats, des chevaux, des ânes, des animaux de ferme et des oiseaux : des parasites ? Les centaines de salariés qui, du soir au matin, veillent à la bonne santé de leurs protégés : des parasites ?

LA OU LES SPA2

Il fallait oser les qualifier ainsi quand on sait que la SPA de Paris fait la cour aux notaires de toute la France pour récupérer des legs alors qu’elle n’a des refuges que dans 40 départements du pays ? N’est-ce pas vous, Madame Harry, qui avez ouvert des « maisons SPA » pour attirer les dons dans 7 départements où « la SPA » n’a strictement aucun refuge ? Qui est le parasite ? Le refuge de la SPA de Mérignac ou la boutique sans animaux que vous avez faite ouvrir à Bordeaux ? Qui est le coucou dans la Drôme ? Le refuge de Romans, la SPA de Montélimar, l’ASPA qui recueille les animaux de Valence ou bien la boutique commerciale et sans vie animale que vous avez installée dans le centre de cette ville ? Que vont devenir les protégés de ces associations indépendantes si elles ne peuvent plus récupérer les dons et les legs qui iront remplir les caisses de la SPA de Paris ? Dans ce détestable business plan qui consiste à faire croire au public qu’il n’y a que « la SPA » en France pour protéger les chiens, les chats et les chevaux, il y a surtout, comme vous le dites si bien dans votre dernier courrier la volonté d’ « accroître les sources de revenus de LA SPA de manière significative ».

Vous avez oublié un principe : On n’est jamais trop pour protéger les animaux ! Si vous gagnez en appel, contre la CNSPA, vous allez entraîner une catastrophe sans précédent car nous avons besoin du maillage des petites et des grandes associations, qu’elles s’appellent « SPA » ou non, pour recueillir un maximum d’animaux abandonnés.

 On n’est jamais trop pour protéger les animaux !

 Non, Madame Harry, l’association que vous présidez à Paris n’est pas et ne peut pas être la seule à porter le nom de SPA dans le pays. Pour être précis, elle n’en a absolument pas les moyens aujourd’hui.

Avec une capacité d’accueil d’environ 5.200 chiens, chats ou chevaux, dans 55 refuges seulement, elle est incapable de couvrir l’ensemble du territoire pour s’occuper de tous les animaux abandonnés du pays. Et ce n’est surement pas avec le bilan que vous nous présentez aujourd’hui qu’elle va pouvoir le faire. Alors que vous n’avez quasiment pas entamé le fameux plan de rénovation des refuges que vous nous promettez depuis 4 ans, vous réalisez un déficit d’exploitation en 2016 de 3.887.268 euros. Et que dire de ce fameux plan de rénovation si ce n’est qu’il est incohérent. Vous allez dépenser 3,9 millions d’euros pour construire un chenil à Mougins alors qu’il y a déjà un refuge de la Confédération sur son lieu de construction. A Gennevilliers, vous allez engloutir 5.770.000 euros pour construire un refuge qui va accueillir 150 chiens et 100 chats. 5.770.000 euros !

Soit 23.000 euros par place d’accueil !

J’aurais tellement aimé entendre Thierry Courrault, votre trésorier démissionnaire qui s’occupait « personnellement du dossier », nous expliquer comment il est arrivé à cette somme. A Briançon, vous prévoyez de dépenser 2.180.000 euros alors que dans le même département la SPA Sud Alpine a dépensé seulement 700.000 euros pour en construire un nouveau… Les maisons SPA, vos boutiques « attrape dons », qui devaient, (vous nous l’aviez dit ici même il y a 4 ans) ne coûter « que » 100.000 euros par an. Ces huit locaux commerciaux qui n’accueillent aucun animal ont coûté le double en 2016, la bagatelle d’un million et demi. Rien moins que 15.600 euros, en moyenne par mois et par local.

Et il y a plus grave.

Depuis que vous êtes Présidente, plusieurs millions d’euros ont été dilapidés pour payer des cohortes d’avocats, de sociétés de communication, de lobbying, de marketing choisis selon votre bon vouloir. La cerise sur le gâteau étant les centaines de milliers d’euros que vous avez fait verser à la société Image 7 d’Anne Méaux !

 

N’oublions pas de préciser à ceux qui ne le savent pas que les délits de conflits d’intérêts n’étant pas applicables à une association de droit privé comme la SPA, les administrateurs « bénévoles » ont tout loisir de faire travailler des personnes ou des sociétés qui leurs sont proches sans risquer la moindre condamnation. Permettez-moi, ici, de vous rappeler que vous n’avez toujours pas créé, après quatre années de Présidence, un comité d’éthique au sein de l’association alors que les statuts l’imposent…

Alors que la capacité d’accueil des animaux est en retrait à la SPA depuis votre arrivée, vous avez fait exploser la masse salariale en embauchant une multitude de cadres et de salariés. Il y avait 450 employés, il y a 10 ans, il y en a 656 aujourd’hui alors qu’il n’y a pas plus de refuge qu’en 2006. Record sans précédent, il y a maintenant plus de 100 salariés qui travaillent au siège du boulevard Berthier. Autant dire que cette volonté de professionnaliser à outrance ne laisse guère de place aux bénévoles dans l’association. Plutôt que de chercher à contrôler le chiffre tout rond de 3.000 bénévoles que vous nous donnez, il suffira de regarder la place des adhérents bénévoles dans cette salle pour le constater. Sans les adhérents salariés qui ont été conviés sur leur temps de travail, payés par l’association, le doigt sur la couture du pantalon, à voter les décisions de la direction, il n’y aurait pas grand monde dans cette assemblée générale…

La lente agonie de la SPA de Paris…

Pour terminer, je veux souligner qu’à votre arrivée en 2013, vous nous avez dit que « la SPA » était « un diamant brut qu’il convenait de tailler ensemble ». Je dois reconnaître ici que vous avez tenu parole.

A la lecture du bilan 2016, force est de constater que vous avez réussi à faire plonger les comptes de l’association ce que, à ma connaissance, aucun président de la SPA de Paris n’avait réussi à faire depuis sa création. J’ai peur qu’à ce rythme là, il ne reste bientôt plus que des babioles dans la trésorerie de l’association. Votre gestion commerciale de ce que j’ose à peine de qualifier une association va entrainer une déferlante de difficultés pour tous les refuges de protection animale sur l’ensemble du territoire national. Et le pire dans cette histoire, c’est que « la SPA » n’en bénéficiera même pas.

Aujourd’hui, il est trop tard pour démissionner, comme l’a fait votre trésorier Thierry Courrault quelques semaines avant cette assemblée générale. Il faudra assumer la lente agonie de la SPA de Paris qui se profile aujourd’hui.

Croyez le bien, personne ne s’en réjouit, pas moi en tant que simple adhérent de la Société Protectrice des Animaux, pas même la Confédération Nationale des SPA de France, car cette situation va nuire une fois de plus aux animaux et à l’ensemble des associations qui veulent les protéger !

A l’assemblée générale de la SPA de PARIS, le 30 juin 2017

Alain Lambert

Adhérent de la SPA depuis 2003